Avec leur "Palais d’Argile", les cinq Parisiens de Feu ! Chatterton ont largement confirmé le succès de leurs deux précédents disques d’or et nominations aux Victoires de la musique. Féru de littérature et de mots, le groupe mené par Arthur Teboul doit son nom à Thomas Chatterton, passionnant et méconnu poète anglais du XVIIIe siècle suicidé à 17 ans. N’allez toutefois pas imaginer un groupe d’intellos coincés : ce groupe est un groupe de rock, qui a connu la sueur des petits bars avant d’embraser des salles de plus en plus grandes, comme le Zénith de Toulouse, qu’il foulera pour la première fois ce jeudi 3 novembre avec ces chansons qui resteront sans doute comme la bande-son d’un monde malade… avant un "Monde nouveau". Rencontre avec le batteur, Raphaël de Pressigny. Feu !
On a le sentiment que l’ascension de Feu ! Chatterton a été aussi rapide qu’irrésistible…
Rapide ? Je n’en suis pas si sûr : nous avons commencé, il y a douze ans (j’ai rejoint le groupe il y a dix ans), par jouer dans des bars devant vingt personnes, puis des petits clubs, des premières parties et des plateaux, notamment au Bikini de Ramonville, avec Kid Wise et Moodoïd. Il y a eu un premier Zénith à Paris. On a pris le temps, je pense. En revanche, il est vrai que nous avons eu la chance de rapidement passer d’une étape à l’autre, sans rester au même niveau très longtemps.
Être un groupe, un gang vous a-t-il aidés à serrer les coudes, affronter les tempêtes ensemble ?
Oui : nous ne sommes pas des virtuoses qui jouons depuis l’âge de six ans – nous avons beaucoup tourné et acquis de l’expérience, affiné nos compositions et réussi à "rendre" nos intentions en studio. C’est une chance : il y en a plein de bons groupes en France, mais les réseaux sociaux et les boîtes indés les estiment moins vendeurs que les artistes seuls. Nous avons une palette très large, de la pop au rock, ce qui fait que les gens peuvent venir parce qu’ils ont aimé "Monde nouveau" à la radion et ils découvriront d’autres aspects de notre musique…
Beaucoup de titres du "Palais d’Argile" ont résonné de manière très troublante avec l’époque…
"Monde nouveau" et "Cristaux Liquides", par exemple ont pourtant été écrits en 2019 ! Ce sont des textes qui parlent de nous : on arrivait en studio et l’un d’entre nous exposait une compo aux quatre autres qui restaient plongés dans leur portable… On a dit stop ! On pose les portables au début des répétitions à présent. (rires) Je pense qu’être artiste, c’est avoir la chance de ne pas être tout le temps le nez dans le guidon, pouvoir lever les yeux, écouter les commentaires dans les cafés, voir des films… Les choses sont là, dans le cœur et peut-être les ressentons-nous avec plus d’intensité – ou avons-nous plus de temps pour les ressentir…
La personnalité très forte d’Arthur Teboul, votre chanteur, et son appétence pour la poésie est-elle partagée dans le groupe ? En un mot : Feu ! Chatterton, c’est une démocratie ?
Oui, c’est une démocratie. Arthur aime les mots, mais nous aussi, de manière un peu différente : il adore la poésie, et nous aimons le théâtre, les livres, les journaux. Nous parlons beaucoup. Après, il est clair qu’Arthur ne chantera pas un texte avec lequel il n’est pas 100 % d’accord, il ne pourra pas s’y investir. Disons que c’est une démocratie… au sein de laquelle la voix d’Arthur est essentielle.
Cette image de dandys parisiens vous colle à la peau : un malentendu ?
Nous faisons tout pour la corriger et quand on nous voit en concert, on nous dit souvent : "On n’imaginait pas que vous étiez comme ça !" Nous sommes un groupe de rock. Oui, Arthur parle très bien et il arrive sur scène en costume trois pièces, mais il danse et au bout de trois morceaux, il est débraillé, en chemise et il sue comme un rocker déchaîné ! Nous aussi nous nous donnons à fond et on se blesse souvent sur scène. Nous aimons la poésie mais les poètes, on le sait, ne sont pas les gens les plus sages ! Nous sommes un groupe de rock, pas un groupe de profs de français !
Vous attaquez les Zéniths : à quoi ressemble Feu ! Chatterton version XL ?
Nous sommes heureux d’avoir réussi à rendre l’intimité des petites salles dans les grandes et conserver ce lien avec le public. Pour le reste, nous n’avons pas changé grand-chose, c’est nous cinq sans grands écrans, sans danseurs ni excès pyrotechniques ! Juste un vrai concert de rock !
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